La myopie touche 30% de la population mondiale soit 2,4 milliards d’individus selon l’OMS : ce qui en fait un sujet de santé publique majeur.
En étudiant successivement le mécanisme d’apparition, de développement, de prévention, voire de « traitement » de la myopie, une conclusion de bon sens s’impose : on peut préserver efficacement votre acuité visuelle, et augmenter votre confort de vision, par un ajustement de votre ergonomie quotidienne au travail de près !
Sommaire
Myopie : définition et symptômes
La myopie est une élongation de l’oeil depuis le crâne en direction de l’extérieur. Elle a pour symptôme principal une vision floue de loin quelque soit l’heure de la journée. Elle est difficile à stabiliser précisément, et dans sa forme importante, elle peut (occasionnellement) générer des hémorragies et des déchirures rétiniennes, donc potentiellement une cécité partielle ou totale.
La myopie n’est pas une maladie (pas de microbe, pas de dégénérescence), c’est une adaptation du système visuel à son environnement.
Quelles sont les causes de la myopie ?
La principale cause de la myopie est un excès d’activité en vision de près, chez des sujets « jeunes » (- 40ans), sans alternance d’activités périodiques en vision de loin (10-15 mins toutes les 2 heures).
Pour voir de près (ex: lire cet article ou votre livre préféré…), l’oeil « parfait » ou « emmétrope » (qui n’a pas besoin de correction optique) fait une « mise en netteté » grâce à son système musculaire. L’objet regardé apparaît donc net. Cette action s’appelle l’« accommodation ».
Le rôle du cerveau (ordinateur très performant) est de vous faire voir le maximum de choses avec un minimum d’efforts à fournir. Pour cela, il fait des statistiques. S’il détecte que les yeux passent plus de temps en vision de près qu’en vision de loin (ce qui demande un gros effort d’accommodation) sur une période prolongée, le cerveau générera des hormones de croissance pour allonger l’oeil et le « myopiser ». Il réduira ainsi la quantité d’efforts musculaires à fournir au quotidien en vision de près, au dépend de la vision de loin qui se dégradera.
La « myopisation » est donc une adaptation du système visuel à un environnement de vision trop proche sur une trop longue période de temps.
Il est intéressant de noter que selon les régions du monde, le taux de personnes myopes diffère. Si 30% de la population mondiale est myope, 10% seulement le sont en Afrique, où l’on travaille peu au bureau, 80% en Asie où la population est massivement accaparée par des travaux de près, et 40% en Europe (en augmentation) et en Amérique du Nord où la population a des tâches plus différenciées.
À quelle vitesse se déclenche la myopie ?
Plus la personne est jeune, plus il sera rapide pour le cerveau de déclencher une myopie, et ceci pour trois raisons :
- L‘élasticité des tissus des enfants est nettement supérieure à celle des adultes, les tissus peuvent donc s’allonger avec peu d’hormones de croissance
- Les enfants ont une capacité d’accomodation très importante, ils ne se rendront pas compte des efforts qu’ils fournissent, leur cerveau en revanche oui !
- Tant qu’on dispose de réserves d’accommodation suffisantes, on a aussi tendance à coller quasiment à notre nez l’objet que nous regardons, ce qui augmente encore les efforts d’accomodation à fournir.
Si quelques semaines peuvent suffire chez un enfant à se « myopiser », des mois voir des années seront nécessaires chez la personne dans la trentaine. Mais ce sera pour les mêmes raisons: trop près, trop longtemps !
Lire aussi : Comment voit un myope ?
Une bonne ergonomie pour éviter ou limiter la myopie
Comme la myopie est une adaptation à l’environnement, la première solution pour ne pas devenir myope est de respecter un temps et une distance de lecture correcte. La théorie dira 40cm pour tout le monde. La pratique conseillera, en se tenant le dos droit, de poser ses coudes sur ses hanches, de faire un angle d’ouverture de coude équivalent à une centaine de degré, et l’endroit où se trouve la main sera la zone où il sera facile de lire pour le minimum d’efforts d’accommodation à fournir. Votre activité devra également être ponctuée, toutes les 2 heures, de pauses de 10 minutes en vision de loin.
Attention, regarder son téléphone pendant la pause n’est pas une activité de vision de loin et ne repose donc pas vos yeux !
Certaines études désignent comme seule cause de la myopie, un manque de lumière naturelle, donc un excès de lumières artificielles. Or, les symptômes de la myopie sont déjà recensés depuis l’antiquité romaine, quand on ne souffrait pas encore des lumières artificielles.
Si la myopie s’est déjà installée, la même méthode limitera son évolution dans 90% des cas. Puisqu’il n’y a plus de nécessité à économiser l’effort d’accommodation, il n’y a plus besoin de modifier d’avantages l’anatomie de l’oeil. Cela demande en revanche une discipline d’ergonomie.
Dans les 10% restants, la myopie continue d’évoluer malgré le respect d’une bonne ergonomie. Dans la majorité des cas, c’est ce qu’on appelle la « myopie de l’étudiant »: les élèves au fond de la classe voient de plus en plus flou le tableau. Leur ophtalmologiste leur prescrit des lunettes pour améliorer leur vision de loin.
En réalité, leur quantité de travail en vision de près a augmenté et leurs muscles ciliaires se sont « tétanisés » avec cet effort prolongé. C’est pour ça que le tableau au loin leur paraît flou quand ils relèvent le nez de leurs feuilles. Leurs lunettes sont conçues pour la vision de loin fonctionne très bien mais le fait de ne pas les retirer en vision de près augmente encore plus les efforts pour voir de près. Le cerveau, pour y remédier, générera une nouvelle « myopisation » ! Le raisonnement est aussi valable chez les étudiants n’ayant jamais porté de lunettes jusqu’à leur entrée à l’université ou les jeunes salariés se mettant à travailler dans des bureaux.
Les équipements pour traiter la myopie
Les équipements les plus efficaces pour traiter la myopie
Les lentilles de nuit ou d'orthokératologie : l'équipement le plus efficace !
Les lentilles de contact rigides de nuit dîtes d’«orthokératologies», pendant le sommeil elles « moulent » la cornée pour modifier sa correction optique et ainsi permettre à la personne de voir correctement sans lunettes ni lentilles. C’est la meilleure méthode à ce jour pour freiner voire bloquer l’évolution de la myopie. D’abord parce qu’elle contraint « mécaniquement » l’oeil pendant le temps où il serait susceptible de s’allonger.
Ensuite parce qu’elle apporte une correction différenciée entre la rétine centrale et la rétine périphérique (zone de la rétine nécessitant une correction spécifique) et, encore mieux, « imprimée » directement sur la cornée, donc chaque zone de la rétine est toujours en face de sa correction optique adéquate.
Les classiques : lunettes avec des verres monofocaux
Elles permettront à un prix raisonnable de voir de loin et de près, et avec une bonne ergonomie, elles limiteront l’évolution de la myopie.
Les équipements moins efficaces pour traiter la myopie
Les lentilles souples mutlifocales : efficaces dans certaines conditions
Lentilles souples multifocales avec vision de près périphérique, initialement conçues pour les personnes presbytes ( perte de capacité à accommoder ). Elles mettent les sujet myopes dans des conditions similaires à l’orthokératologie. Elles ont des résultats potentiellement identiques, mais à la condition importante que les zones optiques des lentilles restent bien précisément en face des zones rétiniennes correspondante. En pratique elles se déplacent toujours de quelques millimètres sur la surface de l’oeil, les zones optiques ne correspondent donc plus aux zones rétiniennes, ce qui entraîne une vision flou peu pénalisante, mais désagréable!
La sous-correction : intéressante en théorie, inutile en pratique
Le concept théorique est de sous-corriger la myopie pour éviter une accommodation excessive. En pratique la quasi totalité des études ont montré l’inefficacité de cette méthode.
Les verres bifocaux ou multifocaux ou verres progressifs : un résultat minime
Les verres bifocaux ou multifocaux (progressifs) se basent sur le même concept de sous correction de la myopie, pour un résultat un peu meilleur mais insignifiant au sens clinique.
Les collyres : efficaces jusqu'à l'arrêt de leur utilisation
Les collyres visent à bloquer l’action du muscle ciliaire. Ils sont à priori efficaces tant que le traitement est suivi, mais dès l’arrêt, la reprise de l’évolution myopique se produit très souvent. D’autre part, l’un des effets secondaires principale est la dilatation de la pupille, ce qui entraîne une vision désagréable ( floue et éblouissante).
Les lentilles rigides classiques : peu de résultats prouvés
Les lentilles rigides classiques, ont été utilisées pour poser une limite mécanique à l’élongation de l’oeil tout en corrigeant la vue en journée. Le problème est qu’aucune étude n’a réussi à prouver l’efficacité de la méthode et pour cause : l’élongation de l’oeil se fait majoritairement pendant le sommeil, donc la nuit, au moment où la personne ne porte pas ses lentilles!
Les lunettes avec verres freinateurs de myopie : un bonne idée en théorie
Ils reprennent le même principe que des zones optiques différenciées. La méthode a le même inconvénient ( mais exacerbé ) que les lentilles multifocales : les zones rétiniennes ne seront en correspondance des zones optiques que dans une toute petite portion du champ de vision.
Alors, même si des études semblent montrer jusqu’à 98% d’efficacité dans l’objectif de réduire l’évolution de la myopie, il est important de noter que ce résultat n’est obtenu que si l’ergonomie est optimale ! Et ceci pour une soixantaine d’euros en moyenne de plus par verre par rapport à des verres classiques à matière et traitement de confort équivalent. Soit un budget en moyenne de 250€ à 300€, prix des lunettes normales, « augmenté » de 2x 60€ de supplément « freination », sans prévision d’efficicacité s’il n’y a pas de changement de comportement au travail de près!
Quel est le meilleur moyen de freiner une myopie ?
La méthode la plus efficace pour le moindre coût est de former parents et éducateurs à motiver les enfants à se tenir droit à l’école, à éloigner les objets regardés (aux alentours des 30 à 40cm, notamment les livres et les téléphones), pour diminuer le terrain propice à l’apparition et/ou à l’évolution de la myopie. Il est à noter également qu’un bon éclairage de la pièce en lumière « blanc chaud » générera moins de fatigue visuelle (aussi appelée asthénopie) lors des efforts prolongés.
Si la myopie s’installe malgré tout, les lentilles d’orthokératologie assureront le meilleur contrôle
possible de l’évolution de la myopie.
En prenant en compte le travail d’adaptation (variable suivant l’adaptateur), les lentilles (entre 250€ et 500€ la paire suivant la complexité) et les produits de nettoyage (entre 150€ et 350€ par an), le coût de l’équipement s’éleverait en fourchette basse à 500€ la première année. Les années suivantes, seul le suivi et les produits d’entretiens seront à prendre en compte, jusqu’à ce que la lentille ne puisse plus remplir sa fonction par usure naturelle. En prenant soin de celles-ci, il est possible de les utiliser pendant 4 à 5 ans.